domenica 25 marzo 2018

Contro l'eccellenza

Critica dell’ideologia della meritocrazia. “A bas l'excellence!” letteralmente “abbasso l'eccellenza” è il testo che Luc Boltanski ha preparato per un’intervista che è stata utilizzata in un recente film-documentario dal titolo Notre Monde (2013) di Thomas Lacoste. Il sociologo francese argomenta su come la diffusione di dispositivi di valutazione, di gerarchizzazione di costruzione di classifiche, di vincitori e di vinti, abbiamo contribuito a creare un discorso che svalorizza il senso del collettivo a vantaggio della competizione individualistica. Questi dispositivi, basati su strumenti tecnici di misurazione e quantificazione de sociale, si sono diffusi nella scuola, nelle università, negli ospedali, nella amministrazioni pubbliche e nelle imprese, trasformando la vita sociale in una serie continua di prove alle quali le persone sono sottoposte. Si tratta, secondo Boltanski, di una forma di dominio che va contrastata per riconoscere la pluralità delle esperienze di vita e per affermare che non ci sono “vite riuscite” e “vite fallite”. Nessuno è inutile.

PS.
Sullo stesso tema si veda anche il video di Matthew Taylor «La meritocrazia senza uguaglianza è sbagliata e crudele» (Internazionale.it, 17 febbraio 2016) suggerito da Antonio Carissimo, nostro compagno di corso.



TESTO INTEGRALE [fr]
Parmi les phénomènes, dont le développement s'est accéléré au cours des dernières années, qui ont contribué le plus fortement à défaire les collectifs, et à affecter les personnes, jusqu'à les ronger de l'intérieur et leur pourrir la vie, il faut compter, au premier chef, les dispositifs d'évaluation, de hiérarchisation, de construction et d'affichage de palmarès.
Ces dispositifs reposent surtout sur des critères quantitatifs, imposés, de l'extérieur, par des commissions d'experts. La multiplication des dispositifs de ce type, aujourd'hui présents dans pratiquement tous les domaines – qu'il s'agisse de l'école, de l'université, de la recherche, de l'hôpital, de la police, des arts et de la culture, de l'administration et, bien sûr, des entreprises –, ont pour effet de multiplier les épreuves auxquelles les gens sont soumis, non seulement dans le travail, mais aussi dans toutes les autres dimensions de la vie quotidienne.
Ces dispositifs d'évaluation, c'est-à-dire de hiérarchisation, de sélection et d'élimination prétendent prendre appui sur une exigence de justice et de transparence. Mais ces dernières sont envisagées de façon strictement méritocratiques et individuelles. À la justice sociale, qui se donnait l'égalité pour norme, et, pour objectif, de compenser les inégalités sur une large échelle, s'est ainsi substituée, partout, une conception discriminatoire de la justice qui entend sélectionner et récompenser, notamment par un système de primes, les meilleurs, les champions, les performants, dans une logique qui se prétend dominée par la recherche de l'excellence.
Venues du management, ces techniques d'évaluation, en se généralisant, ont pris la forme d'un nouveau mode de gouvernance, dont la domination est particulièrement efficace et particulièrement difficile à contrer. En organisant la lutte de tous contre tous, elles tendent à détruire les formes de solidarité et d'entraide, par lesquelles les acteurs de la vie sociale se liaient pour opposer une résistance collective à l'oppression. En faisant reposer l'évaluation sur des indicateurs formels et quantitatifs, ces méthodes incitent ceux à qui elles sont appliquées, à ' maximiser l'indicateur ' – comme dit le management –, c'est-à-dire à se conformer à ce que les pouvoirs attendent d'eux. Cela en mettant en œuvre les actions et en intériorisant les valeurs sur lesquelles repose, précisément, l'oppression qu'ils subissent. Parmi ces valeurs, la valeur de l'argent est prépondérante. Si la performance est révélée par la récompense monétaire dont elle fait l'objet, alors les plus riches peuvent se présenter comme les meilleurs, quelle que soit la source de leur fortune.
Dans un monde social où chacun est sans arrêt sous la menace de l'épreuve et est incité, à son tour, à mettre les autres à l'épreuve, pour les récompenser, les sélectionner ou les éliminer, la vie sociale devient simplement intenable et parfois infernale.
Des mesures concrètes doivent et peuvent être appliquées pour mettre fin à la tyrannie de ' l'excellence ', au sens où cette qualification est appliquée par les instances de management. Elles sont multiples. Parmi les premières à mettre en œuvre, on peut mentionner la suppression des systèmes de mise en concurrence des personnes au travail reposant sur l'octroi de primes individuelles, indexées sur des objectifs, fixés arbitrairement par les hiérarchies, en fonction d'exigences bureaucratiques et/ou politiques.
Et aussi, plus généralement, l'abandon des procédures qui, sous prétexte de ' responsabiliser ' les acteurs de la vie sociale, visent, en fait, à les culpabiliser en leur faisant endosser la cause des maux qui les accablent. Cela, selon une modalité consistant à ' blâmer les victimes ', mise, de longue date, au service de la justification de l'exploitation.
Il faut, également, donner la préférence au long terme sur le court terme, ce qui aurait pour effet d'ajourner le moment de l'épreuve.
On peut relativiser l'évaluation, et en atténuer la violence, par la prise en compte de l'incertitude, qui est toujours le lot commun. Et aussi par la reconnaissance de la pluralité des manières d'être au monde et d'y jouer sa vie. Il n'y a pas de vie réussie ni de vie ratée. Personne n'est inutile, personne n'est de trop. A bas l'excellence !
Fonte: interviste per il film Notre Monde (2013) di Thomas Lacoste

Nessun commento:

Posta un commento

Nota. Solo i membri di questo blog possono postare un commento.